La semaine dernière, une pulsion que je ne parviens toujours pas à m’expliquer m’a mené jusqu’à la jolie porte laquée d’ Aux Lyonnais, The famous bistrot d’Alain Ducasse, dont je vous reparlerai bientôt côté cuisines.
En revanche, j’aimerais vous conter ce qui m’avint après que, pourtant peu aviné par la faible consommation d’alcool effectuée ce soir-là ( eu égard aux tarifs astronomiques de la carte des vins ), j’eusse malencontreusement laissé sur place mon petit appareil photo, celui-là même avec lequel je vous gratifie régulièrement de clichés dignes d’un Man Ray sans talent. Le soir-même, empli de gratitude téléphonique, j’avisai la charmante standardiste que je passerai récupérer l’outil aimablement retrouvé, et ce, dans les plus brefs délais.
Me voici donc, trois jours plus tard, soit mardi 2 février à 18h32, poussant la toujours divine porte à l’ancienne du bistrot marketé par sa majesté Ducasse, et ô surprise, me retrouvé-je tout seul dans les lieux. J’ai beau hululer des bonsoirs à la cantonade, scander des y’a quelqu’un ? à tue-tête, inspecter sous la moindre banquette simili-cuir, pas un bruit, ni un visage, rien. L’effroyable silence. Je m’aventure inquiet jusqu’en cuisines…même topo! Personne d’autre que les fantômes de ce qui fut un jour un restaurant ( supputé-je, optimiste ).
J’ai tout de même le temps d’apercevoir, placardée en plusieurs endroits de l’office, la note suivante, digne des meilleurs Hippopotamus de l’hexagone, et que je vous retranscris - étoiles comprises - telle que découverte avec stupéfaction:
En revanche, j’aimerais vous conter ce qui m’avint après que, pourtant peu aviné par la faible consommation d’alcool effectuée ce soir-là ( eu égard aux tarifs astronomiques de la carte des vins ), j’eusse malencontreusement laissé sur place mon petit appareil photo, celui-là même avec lequel je vous gratifie régulièrement de clichés dignes d’un Man Ray sans talent. Le soir-même, empli de gratitude téléphonique, j’avisai la charmante standardiste que je passerai récupérer l’outil aimablement retrouvé, et ce, dans les plus brefs délais.
Me voici donc, trois jours plus tard, soit mardi 2 février à 18h32, poussant la toujours divine porte à l’ancienne du bistrot marketé par sa majesté Ducasse, et ô surprise, me retrouvé-je tout seul dans les lieux. J’ai beau hululer des bonsoirs à la cantonade, scander des y’a quelqu’un ? à tue-tête, inspecter sous la moindre banquette simili-cuir, pas un bruit, ni un visage, rien. L’effroyable silence. Je m’aventure inquiet jusqu’en cuisines…même topo! Personne d’autre que les fantômes de ce qui fut un jour un restaurant ( supputé-je, optimiste ).
J’ai tout de même le temps d’apercevoir, placardée en plusieurs endroits de l’office, la note suivante, digne des meilleurs Hippopotamus de l’hexagone, et que je vous retranscris - étoiles comprises - telle que découverte avec stupéfaction:
PROPOSER A CHAQUE TABLE
**VIN DE DESSERT**muscat ou rasteau**
**KF REPASSE** et **DIGESTIFS**
**EAU REPASSE**
**1 ENTREE POUR DEUX si pas d’entrée
**ST JACQUES X2 EN PLAT
** DESSERT POUR DEUX si pas de dessert
Ô temps suspens ton vol, et me laisse repenser fugacement en cet instant surréaliste au merveilleux Roland Topor, qui sans nul doute serait mort plus jeune s’il avait un jour découvert une note de ce type au mur d’un prétendu bistrot. Sic transit gloria mundi.
Hébété devant tant d’authenticité polycopiée, je rebroussai volontiers chemin (y’a quelqu’un? Non? Toujours pas?) et, me dirigeant vers la porte mythique de ZE bistrot, que n’aperçois-je t’il pas, glissé entre un carnet à commandes et un tampon pour notes de frais, juste sous la caisse? Gagné! Mon Panasonic chéri! Bonsoir! Hola? Quelqu’un? Good evening? Vraiment pas? Soit. Me voici seul face à mon destin, tel Sissi impératrice en moins bien habillé, à la lisière d'une décision qui, je le mesure, fera de moi un autre homme.
Je me lance, Arsène Lupin s‘auto-dépouillant, et ni une ni deux, m’empare de l’appareil photo, puis divague nonchalamment jusqu’à la jolie porte décapée-puis-repeinte-par-Mr-Ducasse-lui-même-en-personne-un-dimanche-de printemps-avec-ses-petites-mains-qui-sentent-bon-l’huile-d’olive-et-le-pâté-en-croûte.
Le fruit de ma maraude bien au fond du caban, je me retrouve dans la rue, croise à ce moment précis un jeune homme bien mis, que je reconnais pour être le voiturier qui officiait trois jours auparavant à la même place, qui me salue poliment, politesse que j’imite, tout en frayant d’un pas presque tranquille vers la Bourse, tel Mandrin entre les golden boys, avec la satisfaction imbécile d’avoir réparé au péril de ma réputation - sinon de ma vie - une authentique injustice.
A présent que la voie est ouverte, que mon existence a basculé dans le crime et la démesure, que le tourbillon du larcin me broie dans sa paume délétère, je ne saurais plus rebrousser chemin. La semaine prochaine, j'irai au Passage 53, vider devant des japonais médusés les fonds de carafe qu'on m'a facturés 30€ le verre! Priez pour moi.
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