2.17.2010

La Porte Montmartre: on aurait mieux fait de la fermer!




Il y a peu, nous vous disions du bien de cette brasserie des Grands Boulevards ouverte 24 heures par jour. Malheureusement, nous y sommes retournés, et c’était beaucoup moins bien. Nous avons vu le hot-dog à 8,40€ avec sa saucisse en berne, le barman désagréable, la serveuse qui devient subitement aveugle quand on l’interpelle…et nous sommes partis après avoir attendu trop longtemps d’être simplement remarqués.
Ça m’apprendra à dire du bien!

2.15.2010

Saint Valentin: nos conseils pour 2011



Et chez vous, c'était comment la Saint-Valentin cette année? Chic et cher? Terne et chiche? En ces temps de disette, quand de surcroît la fête des amoureux tombe un jour où seuls les mauvais restaurants sont ouverts, que reste t’il de nos ripailles?

Quelques beaux produits, peu de cuisine, une longue journée caressante devant la cheminée, et le tour est joué. Voilà comment nous imiter l’année prochaine.

Tout d'abord, un bref passage à la poissonnerie de la rue Cadet: quelques éperlans et de la poutargue. Un peu plus loin dans la rue, du Speck en tranches fines chez le traiteur italien, quelques fromages de chèvre secs juste en face. Le pain, vous l’achèterez divin, le matin au marché de l’église de Pantin ou à défaut chez votre boulanger complice et préféré.

On rentre à la maison.

Au fil de la journée, lovés sur le canapé, on déguste à l’envi quelques tranches fines de Poutargue assaisonnées de citron, poivre et Huile d’olive ( Portugal, A Capela dos Olivais, de la famillle Baussan, chez Oliviers & Co, à la fraîcheur herbacée ), un peu de Speck, du fromage en lamelles, une petite poêlée d’éperlans ( on saupoudre Fleur de Lune d‘Olivier Roellinger, poivre, gouttes de citron, persil frit ), accompagnés d’un joli Champagne ( Larmandier Bernier, Blanc de Blancs ).

Le charme opère.

Et si l’on n’a pas toutes ces petites merveilles sous la main, me direz-vous? Eh bien, on improvise avec les moyens du bord, et personne ne vous en voudra, car au fond, pour réussir sa Saint-Valentin, il suffit d’aimer.

2.13.2010

Alain Passard: on fait la belle?

Cela fait donc presque dix ans que j'écrivis à Alain Passard pour me plaindre d'un déjeûner navrant à l'Arpège. Pour être honnête, je n'espérai rien en retour de cette bafouille. Mais acceptai l'invitation du maestro qui prétendit via son attachée de presse vouloir se racheter. Et fis un des plus beaux repas de ma vie. Comme quoi, lorsqu'on est annoncé et invité, les choses peuvent être fort distinctes...et d'un meilleur rapport qualité/prix.
Après ce second déjeûner, je réexpliquai à Alain Passard, qui ne se souvenait que peu du contenu de ma lettre, la raison de mon désarroi premier, et lui avouait avoir mangé divinement lorsqu'invité par lui. Le chef termina cet échange par un: "tant mieux, alors, vous reviendrez? On fait la belle?"
Je ne sus quoi répondre, et ricanai bêtement à cette boutade, avant de prendre toute la mesure de l’expression, tant il est vrai qu’Alain Passard, malgré tout le talent qu’on lui concède désormais, « fait le beau ». Ouvrez au hasard un magazine féminin: Passard, c’est la nouvelle Martine! Quelques titres? Alain bêche son potager, Alain joue de la clarinette, Alain fait rôtir une volaille, Alain prend la pose du penseur de Rodin devant un mur peint à l'éponge, un tubercule sur l’épaule…ad lib.
Et moi, je me redemande…Est-ce qu’on fait la belle?
Rétrospectivement, dix ans plus tard, alors que le menu déjeûner atteint 120€, j'ai envie de lui répondre: "Commençons par faire la paix". Pour la belle, on y songera!

2.12.2010

10 ans déjà: lettre à Alain Passard


Paris, le 26 avril 2000

Monsieur,

Je me permets de vous écrire suite à un déjeuner effectué dans votre restaurant le 4 avril dernier (vous trouverez en annexe l’addition dont il s’agit).
Je confesse qu’alléché par les propos séduisants que vous tenez dans le magazine Palais , dont vous êtes le rédacteur en chef en ce printemps 2000, j’ai cédé à l’envie de goûter votre cuisine.
Comme lu partout, et supposé par moi, tout - ou presque - dans ce menu déjeuner fut parfait ( à l’exception d’un mille-feuilles peu inspiré et...tout sec), je ne reviendrai donc pas, par crainte du pléonasme, sur l’éloge évident que votre talent mérite.
De même que je ne trouverais pas à redire sur le service attentif et précis (sans être froid ni figé comme dans de nombreuses grandes tables), ni sur le lieu (il est si rare de rencontrer dans un décor moderne cette sobre élégance, en un mot ce goût) qui nous ont accompagnés à table.
En revanche, que penser d’un menu annoncé dans un magazine trimestriel à 390 Francs, et facturé 490 Francs, un mois seulement après la parution dudit magazine ? Que dire du fait que ce menu et son nouveau prix ne figurent pas sur la carte à l’extérieur du restaurant ? Comment nier que la reproduction intégrale de la carte de l’Arpège, associée à la dithyrambe vous concernant dans Palais, puisse - et cherche à - séduire une clientèle supplémentaire, et que cette clientèle est sciemment induite en erreur ?
Vous m’objecterez sans doute que le menu à été modifié. Je vous répondrait que je n’ai pas constaté que son nouveau contenu ait un nouveau coût ( à moins d’une inflation soudaine et galopante du cours de l’oeuf ou de l’oignon, qui m’aurait échappée? ). Et ceci me semble, après vérification, valoir pour tous les produits figurant sur votre menu. Je vous dirai aussi qu’il est fort désagréable de se sentir ainsi pris au piège, car vous savez comme moi que lorsqu’on a réservé un repas très à l’avance, on en a rêvé et l’on fait tout pour que ce moment rêvé devienne un moment réel, donc on ne se relève pas de table pour s’en aller après avoir vu la carte. Et l’on s’en pose encore moins la question lorsqu’on est, comme je le fus, accompagné d’une dame.
Malheureusement, nous n’étions pas encore au bout de nos déconvenues. Le coup de grâce arriva avec la lecture de votre carte des vins.
Je me rappelai alors la réflexion d’un de mes amis sommeliers qui s’était brouillé avec un grand chef, en partie parce que celui-là appliquait au prix des bouteilles des coefficients multiplicateurs exagérés. On parlait alors, sur des bouteilles peu coûteuses, de coefficient 6-7, très exceptionnellement 8 ( mais sur le hors taxe, bien sûr). J’ai béni le ciel que cet ami n’ait pas vu votre livre de cave. Quelques exemples ? Deux petits prix (sic), donc parmi les bouteilles que vous vendez 500 Francs, les moins chères : L’Ebrescade, Cairanne de chez Marcel Richaud, que j’achète bêtement chez mon caviste à...58 Francs ; Le Clos de la Truffière, Domaine du Deffends, le coteaux Varois rouge de J.S. de Lanversin, que je me fais expédier à...45 Francs la bouteille. Cela nous fait donc un coefficient multiplicateur de 8,6 et un autre de plus de 11, sur le prix public TTC!!! Pour ma part, on m’a recommandé un Côtes de Bergerac, le chateau Tourmentine, que je ne connaissais pas, et sur lequel, par décence, je n’oserai pas révéler la marge que vous dégagez ( en vendant également cette bouteille 500 Francs ! ). Vous comptez donc vraisemblablement sur la méconnaissance de vos clients en matière de vins pour oser ce genre de miracles.
Comprenez enfin qu’il ne s’agit pas d’une simple question d’argent. Le plaisir n’a pas de prix, dit-on. Je ne m’égarerai donc plus à le chercher chez vous. Je tacherai d’oublier ce qui apparaît comme un triste abus, de surcroît cynique.
J’aurais laissé par plaisir bien plus que vous n’avez su me soutirer par ruse. Et j’aurais emporté davantage que votre image ternie et le souvenir éternel de vos sombres calculs.
Une chose est sûre, Monsieur Passard, vous êtes sans doute un grand cuisinier, mais vous n’êtes pas un honnête homme.

2.11.2010

Le Corot: luxe, calme et voluptés



Les ailes de la Rolls effleuraient des pylônes
Quand m’étant malgré moi égaré
Nous arrivâmes ma Rolls et moi dans une zone
Dangereuse, un endroit isolé
Serge Gainsbourg, Histoire de Melody Nelson


Les mots du grand Serge flottaient dans la frilosité nocturne. De la berline, qui semblait surfer sur son propre reflet irisé dans l’asphalte humide, j’écarquillai vers l'extérieur des yeux en épingle.
Hiver, banlieue parisienne, manque de sommeil, les habitudes qui s’éloignent, l’inconnu qui vous saisit. Mais d‘aventure, point. Somnolons tandis qu’un ange passe en scooter chinois et nous frôle dangereusement.
En rouvrant les yeux, nous nous trouvons mes amis et moi dans le sublime écrin sepia verdoyant des Etangs de Corot, nouveau fleuron de l’hôtellerie de luxe et perle annoncée de la gastronomie dagovéranienne.
Nous ne saurons que nous émerveiller devant la chaleur cossue des salons, couloirs, paysages, espaces et cabines du Spa Caudalie qu’on nous fait visiter. L’accueil aussi, est charmant, plein de douceur et de bienveillance. Le luxe ici s’est adjoint une alliée de choix: la bonté. C’est comme chez soi, en mieux ( pas besoin de sortir les poubelles ).
Le complexe propose 3 restaurants. Ce soir nous connaîtrons le plus ambitieux, Le Corot, table gastronomique ( il y a aussi le Café des Artistes, façon bistrot chic, et, en saison, les paillotes, face aux divins étangs ). Le chef Benoit Bordier, transfuge de Jean - un macaron bibendum - est aux commandes de tout cela, et nous propose de déguster un échantillon de la nouvelle carte, en six services.
On nous remet le menu, intitulé MENU ( jusqu’ici tout va bien ).
Sous-titres:
Impressions mixtes…
Où comment Corot inspira une carte

On devine la volonté d’inscrire la proposition dans la filiation du peintre Jean-Baptiste Camille Corot qui, nous dit le site de la mairie de Ville d’Avray, passait de longues heures au bord des étangs rangeant son matériel dans une cabane en bois située sous un saule pleureur au bord du vieil étang. On ne nous précise pas s'il avait parfois coutume de s'y gratter les roubignolles, mais c’est tout de même rudement bien renseigné. Le problème c’est que cette volonté de filiation se manifeste de façon un peu approximative: Impressions mixtes nous rappelle davantage la philatélie ( offset et taille-douce, taille-douce et héliogravure sont par exemple des techniques d’impression mixte de timbres) que le peintre susnommé, et on ne comprend pas vraiment bien ce que Corot inspira dans la carte que nous allons découvrir ( et passons sur le où, en lieu et place du ou malgré les protestations outrées de Jacques Capelovici). Les références ne s’arrêtent pas là, le maître d’hôtel est en blouse de peintre - mes amis trouvent cela sympathique, et moi poussif - et il y a des reproductions numériques géantes des toiles du maître ( Corot, pas d'hôtel ). La déco en général est assez réussie, l'atmosphère cosy à souhait, façon relais de chasse remixé par Jacques Garcia, et la cordialité juste du service, tout en finesse, achève de vous mettre à l'aise.
Chic tablée,beurre de la maison Bordier à Saint-Malo, toujours convaincant, et pain extra.

Mise en bouche: huître et œufs de saumon, d’un délicieuse simplicité, fraîcheur impeccable, quelques dés de pain grillé pour le croquant, un régal qui vous met vraiment en appétit au lieu de commencer à vous l’éteindre.

Vient ensuite une palette de couleurs, textures, produits, condiments à l’intitulé foisonnant:
Truite et Pomme Verte
Gelée Vodka huile de truffe
Tuile Sésame
Coulis banane piment
Foie Gras mi-cuit

On nous sert aussi dans un verre une crème froide d’artichaut (avec des noix de cajou et une saveur truffée), dont je ne parviendrai pas à savoir si c’est une deuxième mise en bouche ou un satellite associé au plat auquel je vais m’attaquer. En tout cas, c’est délicieux.

Le plat, lui, laisse un peu perplexe, car un peu fourre-tout, ludique certes, bon sans doute mais on aimerait voir le chef se mouiller davantage, nous en proposer sa lecture, une angle d'attaque, son association rêvée. On aurait voulu savoir comment doser ces condiments (vodka ou banane qui dominèrent parfois les produits) - ou simplement comment les associer (tuile sésame?). C’est aussi l’audace de ces ingrédients conjugués qui font qu’on n’ose pas forcément tenter l’association, qu’on le fait en marchant sur des œufs, là où l’on voudrait que le créateur nous prenne par la main, nous aiguille, nous rassure.
Nous finîmes en associant le foie gras mi-cuit à la crème d’artichaut-cajou, et ça, c’était bon!

Survient alors un plat de haute volée, de grande maison, confondant de maîtrise:

Rouget…potiron à la mélasse, navet boule d’or



Le rouget est superbement cuit, sa peau croustille délicieusement, le navet qui l’accompagne est ferme et fondant à la fois ( oui, comme Eva Longoria ), la purée de potiron à la mélasse donne à leur union la tension aigre-douce qu’elle réclame. C’est limpide. C’est parfait.

Jusqu’ici nous avons bu une flûte de Champagne Bruno Paillard, un verre de Pessac Léognan Les Hauts de Smith 2007 agréable mais au boisé très présent, un jurançon sec 2008 du domaine Larredya qui fonctionna à merveille avec le rouget. Accords mets-vins solidement pensés, et mieux réalisés encore: beaux verres, magnifiques carafes, joli sommelier.

Et maintenant, le plat de viande. Non, de poisson. Non, de viande. Non,…Bon, les deux en même temps, alors? Je ne sais pas s’il s’agit d’une des signatures de Benoit Bordier, mais force est de constater qu’aucun chef ne m’aura fait goûter, en à peine quelques repas, autant de plats mêlant la terre et la mer. C'est forcément risqué. Mais il n’a pas la trouille Benoit, et nous assène, frontal, mieux qu’un poisson-chat: un poisson-veau!
Ici, comme souvent, la proposition déstabilise d’abord: Veau...Riz à l’encre, haddock et citron. C’est même sacrément gonflé si l’on met dans la balance le lieu et le type de clientèle que brasse ce genre d’établissement. La pièce de veau est exquise, juteuse, fondante, les condiments fonctionnent. Osé, mais ça passe!
Très belle bouteille de Pessac Léognan ( idée fixe? Non, c’est le vin de la maison! ) Château Smith Haut Laffite 2003, en accord parfait, millésime à point. Un vrai délice, et pourtant nous n’en sommes pas.


Millefeuille, fève de Tonka, sorbet mandarine
Mon dieu qu’il est difficile de se faire remarquer avec un dessert au chocolat! Combien il est ingrat de passer après le coulant de Michel Bras, après les cromesquis de Philippe Conticini, après les Pepito de notre enfance! Et là, tenez-vous bien: c’est gagné! Et sans esbroufe! Une simplicité à se damner, l’appareil au chocolat est d’un soyeux, d’une intensité et d’une longueur en bouche diaboliques, et le feuilletage, caramélisé à la perfection, à quelques millisecondes de l‘excessif, en équilibre majestueux sur la lisière du risque, qui s’effrite vers le divin…alléluia!
Porto LBV Taylors 2001 - choix sans folie mais de bon aloi.

Heureux, nous accueillîmes pourtant le dernier service avec un rien de scepticisme: Agrume…Orange sanguine, lavande et pétale croustillante. Maître Capello me signale que pétale est masculin. Le dessert est bon, la gelée d’orange sanguine un peu trop prise (Agar-Agar quand tu nous tiens?), la lavande se fait discrète, et des pistaches façon pralines font pulser le tout, mais on ne peut s’empêcher de regretter que l’ordre des desserts n’ait pas été inversé, car il nous semble que les saveurs ici sont beaucoup moins entêtantes que celles du chocolat qui les a précédées sur notre palais ravi. Et pour l’accord, on reste sur le même Porto, là où nous aurions songé peut-être à un Champagne demi-sec.
A l’issue de tout cela, on peut être un peu sonné par le tourbillon créatif qui anime Benoit Bordier, qui souvent nous épate, parfois nous interpelle et, rarement, nous plonge dans la perplexité. D'aucuns lui souhaiteront davantage de déliés, moins de circonvolutions. Cette soirée-là fut en tout cas une vraie réussite, cette nouvelle carte une vraie promesse, et cette adresse une vraie source de plaisir, que nous ne songerons pas à bouder un instant.
Il faut se précipiter à Ville d'Avray pour découvrir cette cuisine pleine d'audace et d'ardeur, à contre-courant du ronronnement docile des banlieues ouest. Nous y retournerons certainement, tester les soins Caudalie, nous évader pour un vrai Week-End à la campagne à un quart d’heure de la Capitale, essayer les autres tables à la belle saison, et avec un peu de chance, comparer une nouvelle fois Eva Longoria à un navet boule d’or!


2.10.2010

I Golosi, Zemmour et Simone Veil!

Aujourd'hui nous déjeûnâmes, la charmante Veronica et moi, chez I Golosi. Assis à côté du polémiste Eric Zemmour accompagné - dixit Veronica - d'une poulette, à qui le médiatique coquelet tentait de vanter entre risottos et tiramisus les qualités de "L'éternel mari" de Fiodor Dostoievski: il faut absolument que tu fonces acheter ça, sussurrait-il, c'est pas cher, c'est en livre de poche.

C'était amusant. Et ridicule aussi. Donc amusant.

J'ai déjà dit tout le bien que je pensais de cette table, et je suis navré de devoir reconnaître que ce déjeûner-là, en dépit d'une divine compagnie, ne cassa pas trois pattes à un canard. Nous trouvâmes les Linguine un peu fades, et le Parme un peu chiche. Même Francesco ne semblait pas dans son assiette. Bon.

Pas de quoi fouetter une chatte, comme se plairait à l'entendre dire Simone Veil, féministe de la toute première heure, qui déjeûnait également dans les lieux, mais à l'étage. Et c'est peut-être cela, malgré le sourire de Veronica, qui clocha ce mardi midi, à l'heure des cafés serrés. Simple sensation géographique. Celle d'être assis un peu trop près d'Eric, et beaucoup trop loin de Simone.

A quoi ça tient, la joie...




2.09.2010

Vintage: Paul Minchelli pour la Saint-Valentin

Un petit mot sur un chef peu médiatique, dont le travail a pourtant eu une influence cruciale sur la cuisine de la mer telle que nous la connaissons aujourd’hui. Jadis à la barre du restaurant Le Duc, désormais au piano de son nouveau restaurant: le 21, une belle table dont nous reparlerons. Mais pour l’heure, revenons à ce qui demeure l’ouvrage de référence pour tout amateur de poissons et crustacés, la bible du genre, j’ai nommé: LE DUC, toute la cuisine de la mer. Ce livre, épuisé depuis trop longtemps, atteint des prix faramineux chez les collectionneurs, et devrait bientôt connaître une nouvelle jeunesse: réédition augmentée d’une relecture par le maître en personne, espérée incessamment sous peu.
Pour patienter, le dos de la cuiller vous livre une recette pleine d’amour et de poésie, signée Claude Brouet et Slavik, qui figurait dans l’édition originale en page 388, dans la rubrique: « Les gens que nous aimons et que nous invitons », juste à côté du sauté de palourdes de Lino Ventura et de la tarte tiède aux maquereaux d’Alain Chapel.

recette d’un poisson blanc
pour deux
entre deux assiettes,
au bain-marie…façon Didi


Choisir avec son poissonnier complice, un ou deux poissons très frais. Lui faire lever les filets. Rentré chez soi, les installer côte à côte, nature, sans rien, dans une grande assiette à soupe, les recouvrir d’une assiette identique. Poser le tout sur une casserole bain-marie. Allumer. Surveiller le temps de pochage, blanchissage, al dente, selon l’épaisseur des filets. Enlever. Servir dans ces mêmes assiettes bien chaudes. Saler, poivrer ces morceaux cuits dans leur propre sueur, les piquer de banderilles d’aneth ou de persil, avec un bon beurre des Charentes. Présenter tout cela: blanc, blanc et vert. Manger toute cette santé à la cuillère, avec son jus, comme ça, tel quel, nature, en riant et en gémissant de bonheur…tout en embrassant votre invité…
…récidiver…

2.07.2010

Grands boulevards, petites contrariétés

Je vous vois d’ici, vous avez enfilé vos plus belles chaussures, et abandonné votre femme à l’allaitement du petit dernier, pour aller sur les Grands Boulevards déguster un coca zéro avec votre cousin italien dans un mauvais bar à sushis? Est-ce bien raisonnable? Savez-vous que la vie, la vraie, enfer des nutritionnistes, est pavée de gourmandises à qui veut bien se donner la peine d’un chouia de cholestérol? Savez-vous que, tel un Michel Berger-moins-les-tubes, vous risquez de toutes façons l’infarctus sur un terrain de tennis? Que comme Félix Faure vous tutoyez la rupture d’anévrisme à chaque incartade conjugale? Ou pire, que comme Balzac vous pourriez vous éteindre assommé contre la cheminée après vous être pris les pieds dans le tapis moelleux du salon? Réfléchissez…ça vaut bien un petit cassoulet, non?
Quoiqu’il en soit, voici de quoi vous aiguiller dans la jungle déconcertante des marchands de crêpes grasses et de kebab suintants, qui grouille rue du Faubourg Montmartre, et alentour. Soit dans un rayon de 500m autour de la station Grands Boulevards du métro parisien, qui de mon temps s’appelait encore Rue Montmartre. Mais les riverains en ont eu marre de se faire demander la direction du Sacré Cœur par des hordes tokyoïtes en goguette. Et la Régie Autonome des Transports Parisiens a fini par entendre leur râle émouvant.
Mais foin de considérations ferroviaires, qu’avons-nous sous le coude à vous mettre sous la dent? ( notre belle langue fourmille effectivement d’expressions débiles ). Et quand notre langue fourmille, c’est qu’on n’est pas loin de saliver. Allons!
Pour déjeûner tout d’abord, quelques options simples: l’agréable Bogory’s Café, palme de l’accueil et de la gentillesse dans le quartier, sandwicherie sans génie mais sans défaut, salades de pâtes et de fruits pour les luncheurs pressés qui veulent de l’équilibré, quelques sièges cossus, mais évitons les heures de pointe. Formules bien faîtes, toutes à moins de 9€. Dans l’attenante Galerie des Variétés, quelques bonnes cantines, à commencer par Le bar des Variétés, à l’ambiance inimitable, c'est vieillot, un peu crade comme le patron, entassé, mais le Burger de Boeuf de Salers tient la route, servi sur demande avec une belle tranche de foie gras poêlé, pour pas cher. Le café le moins cher de Paris (1€ à table) ne l’est malheureusement plus ( 1,50€ depuis mi-janvier ), en revanche c’est toujours l’un des moins bons. Petite salle planquée à l’étage, façon tripot pour joueurs de poker. Lors de notre venue mi-janvier, le patron semblait tenir une gueule de bois millénaire assortie d’un gâtisme séculier, et il restait des cotillons du réveillon depuis le sol jusqu'au plafond: ménage bimensuel, au mieux, donc.
Un peu plus loin dans le passage, un bon poulet rôti Bio, à 11,50€, croustillant et généreux. Formule en revanche évitable. A noter aussi que c’est au déjeûner qu’il est plus facile d’obtenir une table au très tendance Passage 53 - bientôt une revue de détail.
Pour l’apéro, floppée de jolis flacons au Zinc des Cavistes, servis au verre (14cl), au pot (50), ou à la bouteille. Prix raisonnables, ce qui n’est pas le cas des plats, trop chers pour de la brasserie honnête sous-vidée ( Rillettes de saumon, 9€, Entrecôte 19€…c’est non!). On peut pousser jusqu’à la rue de Trévise, chez Autour d’un verre, improbable bar à vins-resto au décor Deschiens-Friendly, avec sa sélection de vins nature, ce qui signifie quelques très belles bouteilles et beaucoup de jus de raisin oxydé, pétillant, instable, comme la plupart de ces breuvages trop fragiles qui arrivent à votre table flingués car mal transportés et mal stockés. On peut y dîner, simple et bon. Prix qui étaient doux mais n‘ont pas subi la crise ( attention! ), accueil copain, vraie belle ambiance.
Si vous préférez la bière, kyrielle de pubs interchangeables, comme le Sullivan's, et deux ou trois troquets du même tonneau en remontant les boulevards vers le Rex, et surtout on évite l’inepte Café OZ, accueil par des videurs infects, tarifs surréalistes ( 15€ le Mojito pas bon? Vous êtes sûr?), et musique nulle.
A ce stade, vous devriez commencer à vouloir dîner pour de bon, et c’est possible! Quelques foulées supplémentaires vous mèneront chez Jean, restaurant étoilé de la rue Saint-Lazare, accueil pince-sans-rire du très calé - et décalé - Jean-Frédéric Guidoni, ex-directeur de salle de Taillevent, et cuisine de haute tenue par le récemment investi Anthony Boucher ( après Benoit Bordier, parti en banlieue, nous reparlerons d’eux, des deux. Et d’œufs, si nécessaire, même si ça n‘a aucun rapport). Tarifs en conséquence.
On peut aussi - sur réservation! C’est capital! - dîner rue Richer, à l’Office, il n’y a pas si longtemps meilleur nouveau restaurant de la capitale dans la catégorie petits prix, cuisine souvent époustouflante - ce qui est néanmoins le minimum quand on ne propose que deux plats au choix. Mais les prix ont augmenté: ticket moyen hors vins autour de 40€ contre 26 il y’a à peine un an, et cuisine un poil moins percutante. C’est la triste rançon des lauriers. Notons que Jean comme L’Office ont une carte des vins particulièrement attrayante - voire d’une rare intelligence pour Jean - à prix tirés.
Enfin, pour les régionalistes, on peut grignoter gras, correct et toulousain, entourés de rugbymen ivres chez J’Go. Ou aller saluer de notre part Francesco, un des très compétents serveurs de l’indétrônable I Golosi, gastronomie italienne de haut vol - pâtes miraculeuses, cave à vins pleine de flacons éblouissants ( mais vous ne le saurez que de bouche à oreilles, sinon il faudra vous contenter de la sélection bimensuelle, restreinte mais toujours pertinente ), vraie belle cuisine italienne authentique, de terroir, avec de temps en temps des lueurs de génie ( au hasard de quelques repas: un agneau fondantissime, un tartare de veau et fromage aux truffes qui nous mit la larme à l’œil, une superbe polenta, du lieu jaune aux citrons confits, des artichauts aériens, de véritables Vongole, et un modèle de tiramisu ).Addition élastique, de 20€ par tête pour des pâtes et un verre de vin, à très cher pour un repas complet avec de la truffe et de grands vins.
Reste à combler nos amis couche-tard, avec une vraie bonne surprise: la Porte Montmartre, brasserie ouverte 24/24 et 7/7, à la cuisine tout à fait honorable - Cheeseburger bien saignant, salades et quiches qui se défendent vraiment bien, et la joie de manger une belle côte de boeuf à 4h du matin, portions généreuses, accueil presque invariablement chaleureux, pro et aux petits soins, que l’on passe à 14h ou tard dans la soirée. Un modèle de brasserie sympa, tellement moins prise de tête que le Brébant qui lui fait face avec son beau décor, mais où un serveur hautain grignote des frites dans les assiettes qui attendent sur le passe avant de les apporter aux clients ( sic! ) En poussant un peu plus loin, mais vers le sud cette fois, on peut aussi se faire très plaisir en ouvrant une Côte Rôtie La Turque 2005 - dont je n’ose vous révéler le prix tant c’est cadeau - au Vaudeville, célèbre brasserie face à la bourse, qui en revanche se lâche dangereusement sur le tarif des solides…ouvert très tard, accueil variable. De l’autre côté des Boulevards, on ne présente plus le Général Lafayette, brasserie correcte également, fréquentée par quelques oiseaux de minuit et théâtreux fraîchement rangés des applaudissements ( oui, oui, rangés, comme on l’est des voitures ).
Et, last but not least, l’endroit où - qu’il pleuve, neige ou vente, et à toute heure du jour et de la nuit - il ne faut pas mettre les pieds, j’ai nommé: RACINES. Un jour, je vous raconterai, mais pour l’instant, j’ai encore trop mal au portefeuille.

2.05.2010

Comment j'ai volé mon propre appareil photo chez Alain Ducasse


La semaine dernière, une pulsion que je ne parviens toujours pas à m’expliquer m’a mené jusqu’à la jolie porte laquée d’ Aux Lyonnais, The famous bistrot d’Alain Ducasse, dont je vous reparlerai bientôt côté cuisines.
En revanche, j’aimerais vous conter ce qui m’avint après que, pourtant peu aviné par la faible consommation d’alcool effectuée ce soir-là ( eu égard aux tarifs astronomiques de la carte des vins ), j’eusse malencontreusement laissé sur place mon petit appareil photo, celui-là même avec lequel je vous gratifie régulièrement de clichés dignes d’un Man Ray sans talent. Le soir-même, empli de gratitude téléphonique, j’avisai la charmante standardiste que je passerai récupérer l’outil aimablement retrouvé, et ce, dans les plus brefs délais.
Me voici donc, trois jours plus tard, soit mardi 2 février à 18h32, poussant la toujours divine porte à l’ancienne du bistrot marketé par sa majesté Ducasse, et ô surprise, me retrouvé-je tout seul dans les lieux. J’ai beau hululer des bonsoirs à la cantonade, scander des y’a quelqu’un ? à tue-tête, inspecter sous la moindre banquette simili-cuir, pas un bruit, ni un visage, rien. L’effroyable silence. Je m’aventure inquiet jusqu’en cuisines…même topo! Personne d’autre que les fantômes de ce qui fut un jour un restaurant ( supputé-je, optimiste ).
J’ai tout de même le temps d’apercevoir, placardée en plusieurs endroits de l’office, la note suivante, digne des meilleurs Hippopotamus de l’hexagone, et que je vous retranscris - étoiles comprises - telle que découverte avec stupéfaction:

PROPOSER A CHAQUE TABLE
**VIN DE DESSERT**muscat ou rasteau**
**KF REPASSE** et **DIGESTIFS**
**EAU REPASSE**
**1 ENTREE POUR DEUX si pas d’entrée
**ST JACQUES X2 EN PLAT
** DESSERT POUR DEUX si pas de dessert

Ô temps suspens ton vol, et me laisse repenser fugacement en cet instant surréaliste au merveilleux Roland Topor, qui sans nul doute serait mort plus jeune s’il avait un jour découvert une note de ce type au mur d’un prétendu bistrot. Sic transit gloria mundi.

Hébété devant tant d’authenticité polycopiée, je rebroussai volontiers chemin (y’a quelqu’un? Non? Toujours pas?) et, me dirigeant vers la porte mythique de ZE bistrot, que n’aperçois-je t’il pas, glissé entre un carnet à commandes et un tampon pour notes de frais, juste sous la caisse? Gagné! Mon Panasonic chéri! Bonsoir! Hola? Quelqu’un? Good evening? Vraiment pas? Soit. Me voici seul face à mon destin, tel Sissi impératrice en moins bien habillé, à la lisière d'une décision qui, je le mesure, fera de moi un autre homme.
Je me lance, Arsène Lupin s‘auto-dépouillant, et ni une ni deux, m’empare de l’appareil photo, puis divague nonchalamment jusqu’à la jolie porte décapée-puis-repeinte-par-Mr-Ducasse-lui-même-en-personne-un-dimanche-de printemps-avec-ses-petites-mains-qui-sentent-bon-l’huile-d’olive-et-le-pâté-en-croûte.
Le fruit de ma maraude bien au fond du caban, je me retrouve dans la rue, croise à ce moment précis un jeune homme bien mis, que je reconnais pour être le voiturier qui officiait trois jours auparavant à la même place, qui me salue poliment, politesse que j’imite, tout en frayant d’un pas presque tranquille vers la Bourse, tel Mandrin entre les golden boys, avec la satisfaction imbécile d’avoir réparé au péril de ma réputation - sinon de ma vie - une authentique injustice.
A présent que la voie est ouverte, que mon existence a basculé dans le crime et la démesure, que le tourbillon du larcin me broie dans sa paume délétère, je ne saurais plus rebrousser chemin. La semaine prochaine, j'irai au Passage 53, vider devant des japonais médusés les fonds de carafe qu'on m'a facturés 30€ le verre! Priez pour moi.

2.03.2010

Cours de cuisine en vidéo: plait-il?

Petit extrait vidéo du très recommandable cours de cuisine locale - tenu par une australienne - que nous avons pris à la sympathique Yangshuo Cooking School, même si notre gentille chef, qui prétendait s'appeler "Amy", avait un peu la diction de Winehouse en fin de tournée mondiale...



Eh oui, on n'y entrave que pouic!

2.02.2010

Mosto: petit mais costaud!



Découverte sur le conseil d'Alex, manager du restaurant de l' hôtel G, d'une bien jolie table pékinoise, tenue par un chef Vénézuélien, associé à un directeur de salle italien - mazette! jolie migraine globalisée en perspective? Goûtons plutôt!


Comme le formulait si bien ce cher Poe traduit par ce non moins cher Mallarmé: c'était en le glacial décembre. Pour nous réconforter, nous choisîmes le "December Tasting Menu" à 38€, autant dire une petite fortune pour le chinois moyen, un prix acceptable pour l'expatrié de base, une broutille pour qui dîna un jour chez Alain Passard ( choisis ton camp, camarade! Sauf si tu es un vrai "camarade, auquel cas tu n'as pas le choix, tu es vraisemblablement dans la catégorie numéro un, celle du Pékin moyen! )


Nous entrons, après un dédale improbable de couloirs de centre commercial agrémentés d'ascenseurs capricieux, dans une jolie cantine chic, chandelles en chaque recoin et plus encore, douce et sombre entre les flamèches. C'est très mignon, assez cliché européen ( dans le genre poussons la porte d'un restaurant français à San Francisco, ou à Berlin, eh oui, ce sont les mêmes! ).


A table, service aimable et professionnel, belle verrerie, six plats à venir, très belle carte des vins du monde. Au hasard ou presque: Crozes-Hermitage petite ruche de Chapoutier 2007 à 41€, Nero d'Avola Chiarramonte de Firriato à 26€, bon Grüner Veltliner de chez Brundlmayer et sélection pointue d'Albarinhos du Rias Baixas ( de 33 à 66€), variété/pertinence/prix très au-dessus de la moyenne pékinoise.




Au menu:


Tataki de thon, sauce tamarin-soja, chips de patate douce et roquette


Filet de Canard mariné à la citronnelle, oranges, frisée et caviar citrique


Risotto truffé au vin rouge, tuile et bouillon de parmesan



Saumon rôti, riz aux champignons séchés, sauce crémeuse aux moules, salade de pomme verte


Agneau braisé longuement, légumes rôtis et pommes de terre au romarin


Panna Cotta aux fruits de la passion, chocolat crémeux, mousse de banane et pistaches rôties


et en rappel (pas sur le menu, donc)


Soufflé au chocolat et glace au poivre du Sichuan




Tout cela fut très bon, même si notre palais européen a pu déplorer une légère dominante des condiments asiatiques dans les entrées ( sauce soja pour le thon, gingembre et oyster sauce pour le canard ). Ces deux premières entrées nous ont paru un brin consensuelles, la proposition ne nous semblant pas assumée jusqu'à terme. Le caviar citrique inspiré des sphérifications Elbulliennes qui prolifèrent ces temps derniers dans les assiettes gastronomiques ne nous ont pas éblouis, même si plus appropriées ici que souvent ailleurs ( chez Arzak, par exemple ). Quelques réserves magistralement balayées par l'ouragan du risotto, cuisson inimitable, arômes profonds, et, vraie cerise sur le gateau, un bouillon au parmesan du tonnerre, judicieusement anisé, qui fait bénéficier d'un salutaire apport de fraîcheur un plat qui sans lui friserait la saturation aromatique. Un vrai grand plat de chef, intelligent et intuitif, cérébral et animal, à la fois riche et aérien. Une merveille.


Suivront deux plats: le saumon à la cuisson exemplaire qui offrira un imprévisible mais impeccable accord avec notre vin rouge - une fois encore nos habitudes nous feront douter de la nécessité dans un menu dégustation de deux plats contenant du riz, mais il semble que nos voisins chinois n'y trouvent rien à redire - et l'agneau, viande confite à la belle persistance, mais avec une garniture ( les légumes ) manquant vraiment de relief, molle, sans peps. C'est pour nous la seule fausse note du menu; dans ce plat nous aurions aimé plus de contraste, des agrumes peut-être, davantage de fraicheur sans aucun doute.


Desserts de haut vol, la panna cotta est divine avec sa myriade de petits satellites complémentaires, et la glace au poivre de Sichuan qui accompagne le soufflé au chocolat ( assez bon, mais techniquement c'est plutôt un coulant, à la rigueur un fondant ) est à couper le souffle, une conclusion sagace et bienveillante comme un clin d'oeil pimenté.




Accueil mieux que charmant, à la fois pro et complice, discussion finale avec un chef humble et aguerri, l'ensemble du moment passé fait que nous y sommes retournés deux jours plus tard, et que nous y retournerons les yeux fermés, dès que possible. Avec la sensation de retrouver des amis bourrés de talent et pétris d'humanité. Vous pouvez en dire autant de beaucoup d'endroits, vous?


Hong Kong: la grosse pomme


Hong Kong, c’est un peu la grosse pomme de la Chine.
Une fourmilière aux mille yeux phosphorescents qui clignent 24/24. Un brassage permanent de stupre et de luxe, de chic et de luxure, de toc et d’authentique. Un ramdam urbain aux charmes anguleux et au confort retors.
Nous naviguâmes ainsi d’établissements select - le somptueux hotel Langham Place et ses bars-restaurants recommandables, sinon mémorables - en restaurants de rue à l’hygiène limite et au charme incomparable, en plein dans le marché de nuit de Temple Street- Tak Kee Seafood restaurant, plutôt bon, service mi-bourru-mi-complice - en passant par un pseudo pub élégant pour expatriés de Wan Chai - The Pawn, beaux vins, belles plantes, et une cave à cigares millésimés des plus pointues - un super restaurant de Dim Sum cent pour cent chinois, prix au ras du sol, service en V.O. dans une salle bruyante et amicale - et faux resto vietnamien pour tout ce que l’île compte d’étrangers en refus d’intégration qui suivent à la lettre les conseils du Lonely Planet, qui comme son nom l’indique vous aide à vous sentir bien seul au monde, enrobé de fadeur rédhibitoire.


Pour éviter l’engluement, faire un tour quelques vagues plus loin, dans l’autre enfer du jeu, j’ai nommé Macao-la-portugaise-presque-ensablée, sourde aux lois de Pékin et aux préceptes du communisme, qui fait la belle endormie entre deux casinos, offrant au gastronome en virée une salve de charmes gourmands- pâtisseries à se damner, dont les fameux Pasteis de Nata - qui, bien qu’honnêtes, sont tout de même diablement meilleurs à la célèbre et TRES touristique pâtisserie de Belem, adossée au monastère Dos Jeronimoes de Lisbonne - viandes séchées, et recette prétendue centenaire de pigeon rôti au correct et trop pincé restaurant Fat Siu Lau.
Bel après-midi toutefois, quelque part entre la nouvelle fièvre consumériste chinoise et la torpeur lisboète. On s’évade avant la nuit, qui promène son lot d’ombres grises plumées par des bandits manchots.

2.01.2010

L'absence ni le temps ne sont rien quand on aime. (Alfred de Musset)



J'avoue, je vous ai un peu laissés tomber ces derniers temps...mais c'est pour mieux faire provision de billets de bonne et mauvaise humeurs, qui je l'ose espérer rachèteront cette petite infidélité.
Ainsi, ce mois-ci, ce ne seront pas moins d'un article par jour qui viendront égayer vos frimas, réchauffer vos papilles ou venger vos palais meurtris! Au programme: compléments sur la Chine, courrier vintage à Monsieur Alain Passard, souvenirs émus de quelques bonnes tables, Ville d'Avray en taxi, Venise dans les moindres recoins, la bistronomie parisienne d'Alain Ducasse contre celle de Rodolphe Paquin, et beaucoup d'autres surprises.
A demain, pour le premier vrai post de 2010!