12.15.2009

Yangshuo City

Sise au creux d’une vallée luxuriante où s’écoule la paisible rivière Li, la douce cité de Yangshuo, bourgade autochtone ensommeillée, ne semble pas subir les outrages du temps qui passe. Houla! Stop! On arrête tout! Car il est loin le temps où la voix ronronnante d’un Jean Topart repu pouvait louer les enchantements de la défunte Yangshuo, car oui: Yangshuo est morte. Et son cadavre desséché, piétiné quotidiennement par des hordes de touristes crétins déversés par tour-operateurs entiers dans ses ruelles défigurées.

De ce qui devait être un charmant village au cœur d’un des plus beaux paysages de Chine, il ne reste qu’un fantôme cynique bouffé par le tourisme de masse. Que l’on visite avec les yeux qui saignent. Les vieilles maisons traditionnelles disparaissent derrière les enseignes clignotantes rédigées en anglais, qui promettent pizzas fluo, et autres free drinks, happy hours, service 24/24, massages, cours de cuisine typique, spectacles son et lumière. Et l’on entend, s’échappant des échoppes de la rue principale rebaptisée West Street, des tubes pop des années 80 ou du reggae. Les noms des établissements ciblent sans équivoque le gringo, dans un charabia globalisé du pire effet: Café del Moon (sic), Rick’s Cafe Casablanca, Kelly’s, Marco Polo’s hotel, ce dernier comportant au rez-de-chaussée un bar bruyant qui offre à la rue ébahie - pour les uns, blasée pour les autres - le spectacle navrant d’une jeune danseuse mi-nue se frottant mollement à une barre verticale avec la sensualité d’un ravioli bouilli. C’est pathétique.


C'est qu'un jour, les chinois ont entendu le conseil de Deng Xiaoping: « Enrichissez-vous! », et cette simple fin justifie aujourd'hui tous les moyens.

Alors, si vraiment vous devez vous rendre à Yangshuo, qui est par ailleurs une bonne base de départ pour découvrir les paysages extraordinaires de la région, sublimes plus pour longtemps, tant le moindre arbre centenaire devient prétexte à l’application d’un droit d’entrée et à la mise en place de buvettes de fortune - avec leurs déchets obligés jonchant les lieux - et de marchands de pacotille à beaufs planétaires, comment ne pas - trop - s’y faire avoir?
D’abord, on évite le «Levôtre Cafe », tenu par un français copain du guide du Routard, où l’on mange mal. On évite l’ensemble des bars et restaurants estampillés « Rosewood »( regarder sur les badges des serveurs ), du nom du « Rosewood Inn », hôtel assez bon marché à l’accueil adorable mais aux prestations bancales, donc on ne va pas au Cafe del Moon, par exemple. Ni à l’une des enseignes Woodfired Pizza, sauf pour rire un grand coup devant la déco. Et pleurer devant ladite pizza.
Pour les petites faims, on peut recommander la boulangerie Lou’s Bakery et ses bons petits sablés. Pour boire un verre sur fond de reggae, mais un peu à l’écart de l’agitation, sur une petite terrasse au bord d’un canal, The Balcony convient mieux que le Riverview Cafe ( ou Riverside? allez vous souvenir!), qui nous servit une énorme tomate cerise avec notre dry martini.


Pour se mettre à table, vraiment pas simple, et de très loin ce qu’on a mangé de moins bon en Chine, au pire le Mei You Cafe, qui reste correct quand l’atmosphère n’est pas envahie de groupes de touristes bruyants et fumeurs, ou sur le pouce au très économique Dynasty of Dumplings, qui offre toutes sortes de raviolis vapeurs corrects ( je n’ai pas dit: bons ).
Et puis, en attendant de meilleures nourritures terrestres, aller se balader le long de la rivière Li, y faire un tour en radeau de bambou, prendre un cours de cuisine à la très professionnelle et anglophone Yangshuo Cooking School, et surtout, surtout, passer des heures au fabuleux marché fermier, face à la gare routière, aller de découverte en découverte, et comprendre ainsi que l’âme de cette Chine qu’on croyait anéantie, continue de s‘ébattre, à l’abri des regards envahissants, authentique, brute, dans son jus. Un vrai concentré de traditions dans un hangar crasseux. Recoins oubliés. C’est souvent là qu’est la vie.

On repense à la jeune strip teaseuse fatiguée de la West Street, à la jeunesse évanouie. Et on en veut, un peu, à Deng Xiaoping.

12.14.2009

T’as voulu voir Yangshuo et on a vu Yangshuo


Si l’action du film King Kong se déroule à New York, où se déroule celle du film King York? Comment se fait-il que l’on puisse entrer dans une cité alors même qu’elle est interdite? Où parviendrai-je enfin à actualiser mon statut Facebook? Où passer à coup sûr la plus mauvaise soirée au pays du soleil levant? Où dormir comme un bébé? T’as mangé du chien ou bien? Est-ce que l’énorme et vieux ventilateur essaie toujours de brasser l’air lourd d’odeurs?

Autant d’interrogations métaphysiques auxquelles nous tenterons de répondre au fil des quelques billets ( de 10 yuans, 20 dollars hongkongais ou 30 patacas) relatifs à deux semaines passées entre le zist et le zest. Mais puisqu’un bonheur ne vient jamais seul voire pas du tout, voici les réponses aux questions qui nous taraudent depuis le début de ce post:

1/Hong Kong - 2/ Pfff…- 3/Hong-Kong - 4/Yangshuo - 5/ Hong Kong - 6/ Ah, c’était du chien, j‘avais pourtant commandé du rat frit…- 7/euh…Sha la la ô?

Ici, un constat s’impose, dont au moins deux évidences:
1/ En matière de nourriture, la Chine en impose. Car oui, on y mange du rat frit, mais aussi du chien, du chat, de l’écureuil, des escargots, serpents, grillons, tortues, lombrics…
2/ Une réponse sur deux est: Hong Kong. Ou presque.
3/ Il faut bien connaître le grand orchestre du Splendid pour profiter pleinement du contenu de cet article.


Plus sérieusement - mais pourquoi, grands dieux, pourquoi? - nous tenterons de vous faire humer, palper voire gober quelques sensations et plaisirs nécessairement fugaces de notre minuscule périple en terre de Chine, patrie stressante et obligée, accueillante et bourrue, contrastée, baroque, et démultipliée. Nous irons à Pékin, Hong Kong, Macao, Guilin, Xi'An...

Et parce que le meilleur y côtoie le pire, le dos de la cuiller a décidé de vous gratter sous les ors du régime et de vous dévoiler le revers de la baguette. En commençant dès demain par Yangshuo, authentique cité toc et cauchemar à ciel ouvert.

12.04.2009

Brûlant: Pékin, Hong Kong, et des surprises!



Le dos de la cuiller vous concocte un billet sur quelques adresses époustouflantes au pays du soleil levant, de la cité interdite à Macao, de Hong-Kong à la grande muraille, des palaces aux gargotes, où manger et dormir pour se rassasier le corps et l'âme.