Cela fait donc presque dix ans que j'écrivis à Alain Passard pour me plaindre d'un déjeûner navrant à l'Arpège. Pour être honnête, je n'espérai rien en retour de cette bafouille. Mais acceptai l'invitation du maestro qui prétendit via son attachée de presse vouloir se racheter. Et fis un des plus beaux repas de ma vie. Comme quoi, lorsqu'on est annoncé et invité, les choses peuvent être fort distinctes...et d'un meilleur rapport qualité/prix.
Après ce second déjeûner, je réexpliquai à Alain Passard, qui ne se souvenait que peu du contenu de ma lettre, la raison de mon désarroi premier, et lui avouait avoir mangé divinement lorsqu'invité par lui. Le chef termina cet échange par un: "tant mieux, alors, vous reviendrez? On fait la belle?"
Je ne sus quoi répondre, et ricanai bêtement à cette boutade, avant de prendre toute la mesure de l’expression, tant il est vrai qu’Alain Passard, malgré tout le talent qu’on lui concède désormais, « fait le beau ». Ouvrez au hasard un magazine féminin: Passard, c’est la nouvelle Martine! Quelques titres? Alain bêche son potager, Alain joue de la clarinette, Alain fait rôtir une volaille, Alain prend la pose du penseur de Rodin devant un mur peint à l'éponge, un tubercule sur l’épaule…ad lib.
Et moi, je me redemande…Est-ce qu’on fait la belle?
Rétrospectivement, dix ans plus tard, alors que le menu déjeûner atteint 120€, j'ai envie de lui répondre: "Commençons par faire la paix". Pour la belle, on y songera!
2.13.2010
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